« Tous les chemins mènent au Dollarama » : une lettre ouverte dans La Presse

Le soir du 4 novembre, un garçon de 11 ans s’en allait à pied acheter une boîte à lunch au Dollarama. Un conducteur l’a heurté avec son camion de livraison. L’enfant est mort le soir même et a été enterré le lendemain.

Nous avons appris la nouvelle pendant la rédaction de cette lettre ouverte réclamant un nouveau programme de sécurisation des abords du Dollarama. Notre intention n’était pas de promouvoir cette chaîne ou les grandes surfaces, mais plutôt de souligner qu’une ville inclusive des enfants et des jeunes doit tenir compte des endroits qu’ils apprécient.

Il est crucial de garantir la sécurité des déplacements routiniers et quotidiens. Ne pas se faire tuer sur le chemin de son école et aux abords du parc de quartier, comme ont péri Mariia Legenkovska, en 2022, et Al Housseini Diacko, en 2024, est le strict minimum dans une ville inclusive des enfants.

Nous leur devons de rêver mieux, ce qui commence par la conviction que les enfants et les jeunes ont leur place partout, y compris dans leurs détours.

Retournons à l’été 2024. Pour les jeunes de 4 à 12 ans qui participent aux ateliers « Le sol est en lave! », un volcan entre en éruption dans la métropole! La lave détruit tout sur son passage, y compris les bâtiments, les espaces verts, les véhicules et les transports en commun. Les jeunes ont ensuite tout rebâti, un espace à la fois, lors de ces ateliers organisés dans le cadre de la consultation publique sur le Plan d’urbanisme et de mobilité (PUM) de la Ville de Montréal. Nous avons demandé à plus de 80 enfants de concevoir une rue qui leur ressemble, en fonction de leurs endroits et modes de déplacement préférés.

Les lieux préférés des enfants

Quels étaient leurs endroits favoris? Ni l’école ni la garderie ⁠2. Les participants et participantes ont imaginé des territoires où tous les chemins mènent aux parcs et à la forêt, chez soi et chez les camarades, à la plage et à la piscine, à la rue piétonne estivale et aux commerces, à des « destinations » comme le Planétarium, et, en dernier lieu, à l’école, à la garderie, à la bibliothèque et au cinéma. L’école n’est qu’un lieu parmi d’autres sur ce territoire.

Quel mode de transport préfèrent-ils? Vous l’avez deviné : à pied, à vélo ou à trottinette, entre autres. Un enfant a choisi les déplacements en voiture parce qu’il aime le bruit du moteur. Une autre a dit aimer prendre l’autobus scolaire, pour se retrouver sans ses parents.

Certains ont perçu les vastes trottoirs ainsi que les rues et zones à priorité piétonne du PUM comme des endroits pour marcher, mais surtout pour s’amuser à cache-cache, dans la neige, avec un chien ou des camarades. Quel est le fil conducteur? Le plaisir!

Lundi soir, un enfant montréalais a perdu la vie en se rendant au Dollarama. Cette mort devrait nous rappeler que l’urbanisme requis, résolument en faveur des enfants, ne se limite pas à la prévention des décès infantiles sur les routes et dans les espaces publics, mais s’engage également à favoriser le plaisir et l’appartenance dans l’espace public.

Tous les chemins devraient mener aux parcs, aux magasins de bonbons, et au Dollarama. Et chez soi.

Lisez la lettre dans La Presse

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